Largement popularisé sur Internet en 2021 auprès d’un public jeune et peu averti, le « Mirror Challenge » continue de séduire en raison de son étonnante simplicité et des hallucinations inouïes qu’il permet d’expérimenter. Divertissement inoffensif et bon enfant en apparence, les experts mettent les autorités en garde contre de nombreux effets secondaires indésirables.
L’imagination des enfants en matière de jeux dangereux ne semble jamais s’essouffler. Malgré le tristement célèbre jeu du foulard, en vogue depuis les années 1990 dans les cours d’école, de nouvelles menaces secouent toujours et encore les associations de parents d’élèves. À titre d’exemple, le #SkullBreakerChallenge, massivement diffusé en 2020 sur l’application chinoise TikTok, propose un curieux défi : inviter une personne à sauter pour lui administrer un double croche-pied par surprise. Les vidéos de cette pratique, qui expose au risque d’hémorragies, de traumatismes et diverses lésions cérébrales lors de la chute, ont ainsi cumulé plusieurs millions de vue avant leur retrait de la plateforme.
Autre exemple des plus morbides, le #BlueWhaleChallenge, apparu vers 2017 sur le réseau social russe VKontakte en référence aux naufrages inexpliqués de cétacés. Fondé sur un système de parrainage, il propose aux candidats une série de 50 défis à réaliser en 50 jours, allant du plus inoffensif (dessiner une baleine bleue sur une feuille de papier) au plus cruel (mutilation et suicide du participant). Face à l’ampleur du phénomène, les inquiétudes et plaintes se sont multipliées aux États-Unis comme en Europe. En France, le Ministère de l’Éducation nationale, sur sa plateforme Éduscol, mène campagne sur les risques des jeux dangereux et la nécessité des mesures de prévention dans l’espoir d’éviter le pire.
« L’un des problèmes de ce genre de phénomènes : ils changent de nom en permanence. »
Pour mieux amadouer les adultes ou séduire les plus réticents, un nouveau défi s’est discrètement invité dans les cours d’école ces dernières années : le Mirror Challenge. « Au départ, ce défi très particulier s’appelait la « Théorie des miroirs », voire le « Secret des yeux », mais c’est plus rare » explique le sociologue Jacques Feuillée, auteur de Agir pour les enfants, ici, maintenant ! (éditions Albin Michel). « C’est aussi l’un des problèmes de ce genre de phénomènes : ils changent de nom en permanence. Prenez le jeu du foulard, qui d’ailleurs n’a de « jeu » que le nom. Il devient le « jeu du pendu » l’année suivante, le « jeu du sac » celle d’après, puis « le rêve indien », etc. Évidemment, il se décline à chaque fois en une nouvelle variante, avec de nouvelles règles, afin de contourner les interdictions et de paraître plus neuf, plus novateur, entretenant par là un effet de mode ».
Des épreuves dont l’objectif est toujours identique, priver le cerveau d’oxygène pour simuler les propriétés de substances psychotropes. Souvent utilisés comme un rite d’initiation par les élèves, les jeux dangereux tirent leur succès de la pression du groupe sur l’individu ainsi que d’une prise de risque notable, perçue comme preuve de courage ou de loyauté. Pourtant, le Mirror Challenge semble faire exception. « Il est perçu comme très inoffensif », commente Mme Kellmer, directrice de l’école primaire de Sainte-Ormelune. « J’ai même entendu des parents recommander à leurs enfants de pratiquer ce jeu-là plutôt que les autres, parce qu’ils pensent que c’est le moins dangereux, le plus acceptable d’entre eux. Mais ils se trompent. »
Depuis que son établissement fut le théâtre d’un tragique accident en mars 2021, Mme Kellmer a multiplié les séances d’informations à l’attention des enseignants et parents contre les abus des jeux pervers, allant même jusqu’à prévenir les élus. Dans sa ligne de mire : le Mirror Challenge, qui a défrayé la chronique lorsqu’un élève de CM2 s’est ouvert le crâne dans des circonstances peu claires, bien vite attribuées à une mise au défi par ses camarades. « Depuis le retour des vacances, ils avaient un nouveau passe-temps : se regarder dans les yeux pendant toute la récréation », rapporte Mme Lorian, institutrice. « On ne sait pas qui a lancé la mode, mais les enfants étaient très euphoriques ou étrangement silencieux quand ils revenaient en classe. Certains avaient le tournis, d’autres des maux de tête, mais c’était plus rare ».
Un son de cloche similaire de l’autre côté des murs. « Ça a commencé avec les garçons, puis les filles s’y sont mises aussi », se souvient M. Cruzot, surveillant de l’école. « Ils se mettaient dans un coin, par groupe de deux, et ils se fixaient dans les yeux, assis par terre, sans bouger. Il fallait tenir le plus longtemps possible. Le premier qui riait, qui détournait le regard ou clignait des yeux recevait une réprimande ou une petite tape. Rien de bien méchant. Forcément, au début, on était un peu sceptique. Un effet de mode un peu insolite, on ne comprenait pas trop. Mais les disputes et bagarres dans la cour avaient presque disparu, les enfants solitaires trouvaient plus facilement un camarade de jeu, et on s’est laissé dire que cette occupation était une bonne chose. Alors on a laissé faire. »
« J’ai vu des yeux qui me fixaient, partout sur les murs. »
Interrogés, les élèves approuvent dans l’ensemble l’innocuité du défi, à quelques exceptions. « Moi, ça me faisait pas grand-chose, mais il y en a qui étaient super sensibles, c’était drôle de les voir jouer » raconte Dorian, figure du mouvement. « Je l’ai fait que deux fois, parce que j’ai pas aimé », se justifie Mariette, élève de CM2. « La première fois, j’ai réussi à faire deux minutes, mais il s’est rien passé. La deuxième fois, j’ai fait plus de trois minutes, mais quand j’ai cligné des yeux, il y a le visage de ma copine qui s’est déformé. Elle avait la bouche à l’envers, sur le front, avec un cou très long et des yeux énormes. Même qu’ils ont commencé à fondre et qu’il lui restait deux gros trous à la place des yeux. J’ai jamais recommencé. »
Pour Thibault, un vétéran, pas de quoi s’affoler. « Quand on a pas l’habitude, c’est assez impressionnant, mais bon après ça passe tout seul. Avant que ça soit interdit, je le faisais cinq fois par jour. On essayait de tenir au moins six minutes avec les autres, il fallait avoir l’effet le plus délirant. » Willie, en CM1, abonde en ce sens : « Moi, je le faisais avec Thibault, parce qu’il est super bon. On a un record de sept minutes vingt-deux », se réjouit-il. « Une fois, j’ai vu des yeux qui me fixaient partout sur les murs, les portes et les poignées. Ça a duré quelques minutes puis ça s’est arrêté. Du coup, j’ai recommencé. » Eva, autrefois arbitre du Mirror Challenge, témoigne : « Quand on voit le visage de l’autre qui se transforme, c’est le premier stade. Le deuxième, c’est le corps en entier. Quand on entend des bruits bizarres et que les lumières disparaissent, ça veut dire que Momos est pas loin ! »
« On savait que quelque chose ne tournait pas rond, on aurait dû l’interdire plus tôt »
Jusqu’à l’accident, le jeu était régulièrement pratiqué par un peu moins de la moitié des élèves de l’établissement. « Il y en avait quelques-uns qui se méfiaient, qui ne voulaient pas y jouer, mais ça restait très populaire », nous assure Mme Kellmer. « Avec les instit’, on trouvait que les élèves devenaient plus calmes, même les plus agités. Surtout les plus agités, en fait. On savait que quelque chose ne tournait pas rond, on aurait dû l’interdire plus tôt. Mais personne ne se doutait que ça allait tourner au drame. »
Une partie des enseignants, pris de curiosité pour ce jeu peu commun, tentent eux aussi l’aventure. « On a essayé une fois entre nous, dans la salle des profs », nous avoue Mme Lorian. « J’ai regardé la personne en face de moi dans les yeux pendant une minute ou deux. Sa peau est devenue lisse et blanche, elle brillait comme de la porcelaine. Puis il y a des fissures qui sont apparues. Son visage a commencé à se craqueler, à tomber en morceaux. Ça m’a fait tout drôle. Pas sûr que je recommence ! » Une de ses collègues s’est aussi prêtée à l’expérience mais l’a brusquement interrompue au bout de trois minutes. « D’abord, j’ai vu la tête de Big Brother. Vous savez, comme sur l’affiche célèbre, là. Puis c’est devenu tout flou, un genre de brume, et j’ai vu mon frère assis devant moi, comme s’il était réel. Et mon frère… » Elle hésite, émue. « Il est mort dans un accident de moto quand j’avais vingt ans ».
Une anomalie méconnue du monde médical
D’un point de vue scientifique, la cause des hallucinations est encore mal comprise. Le chercheur italien Giovanni Caputo de l’Université d’Urbino s’est penché sur la question en 2014 en menant un test sur 20 individus jeunes et en bonne santé organisés en dyades. Présentée comme une « expérience méditative », les participants avaient pour consigne d’observer les yeux de l’autre pendant 10 minutes dans une pièce faiblement éclairée. Le résultat est sans appel : l’écrasante majorité des sujets signalent une déformation des traits de leur partenaire au point qu’ils ressemblent au visage d’un monstre ou d’un être non identifié. Une altération des sons et couleurs, un sentiment de flottement et « déconnexion » du corps sont également rapportés. Le chercheur les attribue, entre autres, à l’état de dissociation et déréalisation induit par l’expérience ainsi qu’à la projection d’une part de l’inconscient humain sur le visage d’autrui. Loin de se satisfaire de ces résultats, Caputo préconise des recherches complémentaires pour mieux cerner le phénomène.
L’expérience, reproduite en 2020 par le professeur André Karnes — chercheur au CNRS et chef d’équipe à l’Institut de la vision — sur un échantillon de 40 personnes âgées de 16 et 38 ans produit des témoignages similaires. Au cours des dix minutes de scrutation, 96% des sujets constatent une déformation du visage de leur partenaire, 84% le décrivent comme « méconnaissable », « grotesque » ou « effrayant », 31% ont une impression de « déjà-vu ». Du reste, 51 % observent un assombrissement de la pièce, 32% ressentent une variation de température et 17 % entendent des voix « inhumaines ». Au final, 33 des 40 volontaires dépeignent l’expérience comme « inquiétante » et seuls 12 se disent prêts à la renouveler. Le professeur Karnes s’interroge lui aussi sur les résultats : « Si la déformation du visage est cohérente avec une sollicitation excessive du globe oculaire , rien n’explique les hallucinations acoustiques et thermiques éprouvées par les candidats. »
Quand le jeu tourne à la catastrophe
Le 3 février 2022 à 16 h 50, Tiam Dao, 10 ans, rentre de l’école et s’enferme dans sa chambre. « C’est une habitude, chez lui. Il ne veut jamais qu’on le dérange pendant qu’il fait ses devoirs. C’est un élève sérieux, très appliqué. Tout le monde vous le dira », déclare Mme Dao. Personne n’entrera dans la chambre de Tiam jusqu’à 19 h 45, où sa mère l’appelle à plusieurs reprises pour dîner. N’obtenant aucune réponse, elle se rend à l’étage, frappe à la porte. Saisie d’un terrible pressentiment, elle fait irruption dans la pièce et trouve son fils étendu par terre, à côté de son lit, écarlate et suffoquant, les mains crispées sur le cou, une plaie béante en travers du crâne.
« J’avais entendu plusieurs coups sourds portés contre le mur », témoigne son époux, qui travaillait dans la pièce voisine « Je suis allé passer la tête dans la chambre de Tiam en lui demandant si tout allait bien. Il était devant la glace de son armoire, en train de marmonner quelque chose en rapport avec des « sourires » et des « vœux », comme s’il parlait à quelqu’un. Je suis reparti dans mon bureau et les bruits ont recommencé. Ça m’empêchait de me concentrer, alors je lui ai crié de se calmer et les chocs se sont arrêtés dans la foulée. » Mais quand retentissent les appels affolés de son épouse, il accourt et saisit la gravité de la situation. Les services d’urgence sont appelés et Tiam est aussitôt évacué vers l’hôpital le plus proche.
Le Dr Schneider, responsable des soins, est éberlué. « La force appliquée sur son cou est surprenante, compte tenu de son âge. C’est comme s’il avait voulu s’étrangler lui-même. On m’a parlé de marques rouges laissées sur la peau par des mains adultes, ce que j’ai du mal à m’expliquer puisque d’un autre côté, on me raconte qu’il était seul dans sa chambre. » Tiam, à qui ont été diagnostiqués une anoxie et un traumatisme crânien à cause de chutes répétées, s’est confiné dans le silence depuis son accident et n’a jamais donné sa version des faits. Selon ses parents, il exige la présence continue d’une personne à ses côtés, refuse d’être dévisagé par qui que ce soit et se cache systématiquement les yeux, y compris dans l’obscurité. « Il était déjà très solitaire à l’école, maintenant c’est comme s’il était seul au monde », se désespère Mme Dao.
Une vague d’accidents similaires au sein de l’école ormelunienne se concluant entre autres par des membres dessoudés, des cous tordus, des hallucinations permanentes et des amnésies inexpliquées incitèrent la direction à prononcer l’interdiction du « Secret des yeux et autres jeux de contemplation et d’hypnose ». Tenace, la pratique survit en dehors du cadre scolaire et connaît même un renouveau à domicile, bien que des séances d’information s’adressant conjointement aux élèves et aux parents contribuent à ralentir sa popularité. Mme Kellmer, qui « préfère le dialogue aux sanctions », nous confirme s’être rapprochée de l’Association SECOURS pour mieux encadrer la pratique des jeux dans les cours de récréation.
Une légende en cache une autre ?
Mais l’accident de Tiam Dao produit un écho inattendu. Si des élèves du collège et du lycée de Sainte-Ormelune s’essayèrent aussi à l’épreuve, ce fut un influenceur parisien de 220 000 abonnés — dont le compte est clôturé depuis — qui le popularisa sur TikTok sous le nom de Mirror Challenge. « Faites-le chez vous avec un miroir, ça marche aussi. En plus, vous aurez moins de problèmes », enjoint-il dans la vidéo de présentation, désormais supprimée. Très vite, le mot-clé #MirrorChallenge monte en tendance sur Twitter, repris par plus de 612 000 utilisateurs en 24 heures. Comme #SkullBreakerChallenge et le #BlueWhaleChallenge avant lui, le défi acquiert une notoriété mondiale. Contacté par nos soins, Matthieu, l’influenceur à l’origine de l’engouement pour ce jeu d’école, nous explique que l’idée lui est venue au retour de vacances passées dans le… Val des Sylphes.
« Aujourd’hui, toutes les modes se font et défont avec les réseaux sociaux », analyse Mme Lefebvre, éducatrice et présidente de l’association de protection de l’enfance Il est encore temps. « Depuis l’avènement des écrans, beaucoup d’ados sont devenus très dépendants du regard des autres. Celui de leurs parents, perçu comme trop subjectif, ne leur suffit plus. Ils veulent un public d’inconnus, plus impartiaux pour juger de leur valeur, quitte à se mettre en danger de mort pour gagner quelques vues ou « j’aime ». On ne compte même plus le nombre d’enfants qui se sont pendus en direct sur TikTok devant des milliers de spectateurs pour relever un défi qu’on leur a lancé à l’école. Cette célébrité éphémère n’est pas comme une drogue. C’est une drogue. Et cette drogue tue. »
Or, n’importe quel observateur, dans le tumulte des échanges suscités par le Mirror Challenge, n’aura pas manqué de repérer ici et là une figure mystérieuse, étroitement liée à ses effets secondaires.
« Momos. » Ce terme énigmatique surgit sporadiquement dans les messages et témoignages des élèves en dépit d’une signification controversée : selon les occurrences, le mot est associé à des règles de jeu spécifiques, à une manifestation surnaturelle ou à un ensemble de perceptions sensorielles. La seconde hypothèse est la plus populaire. Nombre de théories fleurissent sur les réseaux sociaux quant à l’apparence ou aux intentions de l’entité, mais peu s’accordent et beaucoup se contredisent. Interrogé, le personnel de l’école de Sainte-Ormelune ne se prononce pas. Une fois de plus, notre salut vient de l’une des camarades de Tiam, Aloïce. Notre question l’enthousiasme. « Momos ? Vous savez bien, c’est celui qui dort dans l’inconscient humain. Si on arrive à lui parler, il peut nous donner le pouvoir d’utiliser tout notre cerveau ! Mais attention, il faut pas se louper, parce si on le réveille d’un coup, ça peut mal tourner. Il y a un garçon, dans une autre école, qui est devenu fou à cause de ça. »
L’allusion au mythe de l’utilisation par le cerveau humain de seuls 10% de ses facultés n’étonne pas Jacques Feuillée. « C’est une légende urbaine très populaire, qui plus est promue par des succès cinématographiques mondiaux. Étant moi-même un cinéphile, je peux en citer deux : Limitless1 Limitlesse (2011) de Neil Burger et Lucy2 Lucy (2014) de Luc Besson. Globalement, ce mythe a permis et permet encore à des écrivains ou conférenciers de vendre des méthodes de développement personnel pour savoir comment exploiter tout son potentiel. Il a surtout connu un essor dans les années 70 aux État-Unis, porté par le mouvement New Age. » L’origine de « Momos » est, quant à elle, toujours sujette à spéculations. Si rien n’indique qu’il en est inspiré, le nom de l’entité au cœur du défi n’est d’ailleurs pas sans rappeler le sinistre « Momo’s Challenge » qui déchaîna la presse en 2018.
« On ne sait pas à quoi il ressemble, mais on sait qu’il existe », nous chuchote Aloïce d’un ton complice. « Momos est juste là, dans nos yeux, mais il faut regarder longtemps, très longtemps dedans pour le voir. Il finit toujours par sortir. Ensuite, il nous met au défi, et si on arrive à relever son défi, il débloque tous les pouvoirs cachés de notre cerveau. Vraiment tous ! » Interrogée sur la nature de ces pouvoirs, notre interlocutrice se fait plus prudente. « Pour avoir des meilleures notes en classe, se faire plus d’amis, devenir très bon dans tous les sports, ce genre de trucs. Pour être plus intelligent, plus rapide. Momos peut nous rendre beaucoup plus forts ! Enfin, c’est ce qu’on dit… »
Intrigués, deux journalistes de la rédaction de Sainte-Ormelune ont essayé de relever le défi pendant 15 minutes, malgré deux tentatives manquées à cause d’un fou rire. Si l’un et l’autre rapportent en effet des hallucinations visuelles troublantes qui se sont dissipées en quelques minutes, aucune entité appelée « Momos » ne leur a encore rendu visite. Peut-être n’apparaît-elle qu’aux enfants ?