Au Bonheur des Cambrioleurs

Véritable monument de Sainte-Ormelune, le Manoir Pellerin célèbre ce mois-ci sa quarantième année d’abandon consécutive dans sa retraite silencieuse, portes et fenêtres ouvertes comme tout autant d’yeux sur le lac Follet. Ses couloirs gorgés de tableaux de maîtres et ses salons garnis de meubles en acajou ciselé du XIXe siècle, d’une valeur inestimable, n’attirent plus que les termites et les souris depuis bien longtemps. Une personnalité locale vous parle aujourd’hui du trésor le plus impopulaire de notre patrimoine.

Au bonheur des cambrioleurs !

Un, deux. Un, deux. C’est bon ? Le son est là ? O. K. C’est parti !

Salut à tous ! Moi, c’est Christophe, mais vous pouvez m’appeler « Christ ». Évidemment que vous me connaissez. Après tout, je suis votre présentateur favori, l’hôte providentiel de Vivre cent fins, le fameux débat télévisé entièrement consacré aux phobies apocalyptiques de nos concitoyens ! Et aujourd’hui, en partenariat exclusif avec la Gazette de Minuit, je vous fais une surprise : la visite commentée d’un lieu plus assez étrange pour qu’on daigne encore parler de lui. J’ai nommé : le Manoir Pellerin.

Bon. Pour commencer, un peu de contexte. Ahem, ahem. Je vous invite à lire ces lignes avec mon ton le plus péremptoire, celui que nos plus fervents spectateurs connaissent bien, vous savez, quand j’introduis les invités avant le tour de table. « Jeanne-Michelle, 41 ans, trois fois veuve, enseignante en arts plastiques, collectionneuse d’origamis, ne jure que par les tisanes en poudre et pense que son ordinateur veut la tuer, etc. ». Vous voyez ? Celui-là. Donc, le Manoir Pellerin, c’est d’abord une belle bâtisse qui se coltine un passé pas très joyeux. « Rôôh, Christ ! T’abuses là ! Encore une histoire de suicides ou de meurtres ? » Ha ha ! Vous n’y êtes pas du tout. Mais ne m’interrompez pas, j’en suis encore aux présentations. Je disais : la maison, juste là, à côté de moi, elle a été construite en 1928 et rénovée à deux reprises ; une fois en 1942 après s’être fait arroser par un Heinkel He 11 en 39 qui l’a salement amochée et une deuxième fois en 1977, à cause d’une météorite de deux mètres quatorze de diamètre qui s’est invité le 7 octobre à 3 h 39 du matin dans la salle à manger. Heureusement que les occupants étaient tous partis en vacances à Nice trois jours plus tôt. Une légende tenace raconte que la chute de météorite était le seul risque non couvert par leur assurance…

Et nos survivants, alors ? Ben oui, c’est pour eux qu’on est là, après tout. Les Pellerin, c’est d’abord une famille un peu connue par ici, puisque le patriarche, Pierre Pellerin, ou « M’sieur Pierre », comme on l’appelait dans le temps, c’était un fameux doux dingue. Petit imprimeur, écrivain raté et mordu de cryptozoologie, il s’est porté volontaire pour intégrer la Commission d’Enquête pour la Biocénose Anormale en qualité de chroniqueur. Si vous avez oublié ce que c’était, les livres d’histoire de vos enfants vous l’expliqueront mieux que moi. Comment ça, vous n’avez pas d’enfants ? Excellent choix ! Moi non plus. Bon, je vous la fais court. La Commission d’Enqu… On va dire la « C.E.B.A. », ce sera plus simple. La C.E.B.A., c’était une organisation créée en 1894 par le président de la République pour, grosso modo, s’assurer que tout était normal et que tout allait bien ici, chez nous, dans le Val des Sylphes. Bon, c’était pas le cas du tout, mais c’est justement pour cette raison que M’sieur Pierre s’est installé ici avec sa petite famille, à l’exception de sa seconde femme. Un divorce qui s’est pas très bien passé, alors c’est l’occasion de refaire sa vie. Sauf que M’sieur Pierre est toujours pas riche, alors sa vie, elle recommence dans une cabane.

Mais il a du flair, le bonhomme ! Il investit tête baissée dans les carrières de génite et la mise en bouteille de l’eau thermale de Sainte-Ormelune, bien avant le premier miracle. Vous savez, le rajeunissement de cette centenaire en 1903 ou 1904. On ne parlait que de ça, à l’époque. Je dis « on », mais moi, je n’y étais pas, hein. Mon arrière-grand-père n’avait même pas encore dragué mon arrière-grand-mère à la fête du village, alors vous pensez. Sachez tout de même que nous devons à M’sieur Pierre les plus belles campagnes de publicité de la ville ! Vous voyez, la célèbre affiche, avec un vieux bonhomme en train de faire des cabrioles à 80 ans comme s’il en avait 20 ? Eh ben, c’est lui ! Pas le monsieur, hein, je parle de l’affiche. Sa petite société d’impression grossit très rapidement, ses parts dans l’exportation de gisements lui rapportent un joli pactole, et il avait franchement envie d’un manoir à Sainte-Ormelune, alors le sieur Pellerin, ni une ni deux, il se fait construire un manoir à Sainte-Ormelune. Un peu à l’écart de la ville, parce qu’il a beau être philanthrope, vous comprenez, il aime aussi le calme et la discrétion. Dans ses vieux jours, il fonde l’Association des Entomologistes du Val des Sylphes, dont nous avons d’ailleurs reçu l’un des membres dans notre émission la semaine dernière. Ah ! Une dernière chose : M’sieur Pierre, en vieillissant, il développe une lubie pour le romantisme noir dont il n’a jamais vraiment guéri. Je suis sur le point d’accéder à sa collection, qui est absolument époustouflante. N’ayons pas peur des mots.

Bon. Je parle de lui au présent, mais maintenant, M’sieur Pierre, il est plus trop des nôtres. Le brave homme passe l’arme à gauche en 59. Infarctus du myocarde, ça pardonne pas. Sa fille aînée, Jeanne, hérite du manoir, mais elle l’aime pas trop, le manoir. Il est grand, il grince, il lui fait peur, et vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la nuit avec des loups qui rôdent sous les fenêtres, bof-bof, alors la demoiselle le laisse tomber de bon cœur et convole en justes noces avec un bijoutier marseillais. « Orfèvre », pardon. Pas « bijoutier », « orfèvre ». Dans notre jolie bâtisse n’habitent plus que la cadette, Marie-Claire, sa benjamine, Augustine, et leur gouvernante, dont je ne me rappelle plus le nom, et qui d’ailleurs est sans importance.

Alors, pourquoi il n’y a plus un chat dans la maison ? Où sont donc passés les descendants ? C’est très, très simple. Enfin, non. Pas du tout. Mais on va faire comme si. Marie-Claire, d’abord, c’était une petite célébrité locale à cause de sa passion pour les chats et les arts occultes, en plus d’être une fiévreuse adepte de l’Association des Enfants de la Lune. Elle dilapidait allégrement l’héritage de M’sieur Pierre dans d’innombrables séminaires sans aucune vergogne. Mais sa sœur Augustine, elle, ben elle a vu clair dans leur jeu. Résultat : la benjamine a porté l’affaire au tribunal et a accusé l’organisation d’abuser de la faiblesse de son aînée. Aïe, aïe, aïe. Rien ne va plus dans les couloirs du manoir. Entre les deux, c’est la guerre ! L’A.E.L. elle-même aurait tenté de s’immiscer dans le différend pour faire pencher la balance. Je ne vous dirai pas comment, ça nous emmènerait trop loin.

Le fait est, qu’au bout d’un an, le verdict est rendu. Le juge a donné raison à… Accrochez-vous bien. Il donne raison à… Non, vraiment, tenez-vous bien. Au bras de votre fauteuil ou de votre conjoint, peu importe, mais accrochez-vous quelque part, bon sang. Le juge a donné raison à… Marie-Claire, qui s’empresse donc de distribuer les derniers deniers de M’sieur Pierre à ses bienfaiteurs. Leurs économies disparues, la gouvernante tire sa révérence. C’est la catastrophe. Augustine est livrée à elle-même du jour au lendemain. Quand ça lui tombe dessus, elle n’a encore que 20 ans et les prétendants ne se bousculent pas. Ou plutôt ne se bousculent plus. Mais coup de théâtre ! Avant de rejoindre définitivement l’A.E.L., Marie-Claire, par malice ou par pitié, fait le serment à sa sœur, sa valise à la main, juste là, sur le seuil de la porte, où je me tiens en ce moment, elle lui fait la promesse, figurez-vous, qu’aucune force au monde ne pourra jamais la déposséder de la maison de leur père ni de ce que ses murs contiennent encore.

Et c’est ici, mesdames et messieurs, que notre exploration du Manoir Pellerin commence !

Bon. Déjà, le manoir en lui-même est une petite merveille d’architecture qui inspirerait une thèse bien charpentée au chercheur le moins inspiré, mais puisque je vous vois déjà rouler des yeux et que j’ai pas l’intention de vous parler croisées et cul-de-lampe pendant vingt minutes, entrons dans le vif du sujet, c’est-à-dire le vestibule. Question à ceux qui sont déjà venus : qu’est-ce qui vous a tout de suite frappés quand vous êtes entrés pour la première fois ? Ben oui ! É-vi-de-mment ! Le manoir, il est bientôt âgé d’un siècle, mais il est comme neuf. Mais regardez ! Regardez-moi ç… Non, vous ne pouvez pas. Alors, lisez avec attention. Dans le manoir Pellerin, rien n’est jamais dérangé, enlevé ou abîmé. Rien. Et ça, on le sait parce que la mairie vient faire l’inventaire du lieu une fois par an. Avant, c’était une fois par mois, puis on a compris que c’était une perte de temps. Ce manoir, très chers lecteurs, est figé dans le temps. Vous connaissez le proverbe : « Qui rentre la tête pleine repart les mains vides » ? Qu’est-ce que je raconte, bien sûr que vous le connaissez. Vous avez suivi toutes mes émissions, vous êtes forcément incollables en situations burlesques et adages incongrus. Eh bien le proverbe, il vient de là ! Du manoir Pellerin. Car voyez-vous, si jamais je m’avisais de toucher trop longtemps cet angelot en pierre, juste là, à côté de la commode, ou encore cet impressionnant loucan naturalisé au sommet de l’escalier, alors…

Un instant. Vous dites ? « La taxidermie des espèces endémiques du Val des Sylphes est illégale depuis 1932 et la collection du manoir date de 1951 » ? « Christ, rassure-moi, tu condamnes fermement l’assassinat de ces pauvres bêtes, hein ? » « Le but de ton émission, c’est de ressusciter les légendes, pas de les assassiner ! » Wôah, wôah. Du calme. D’abord, chers lecteurs, apprenez que l’épatante collection d’animaux empaillés du manoir Pellerin n’est pas le fait de M’Sieur Pierre ni de ses filles, mais d’un admirateur secret qui les a inondés avec ces drôles de… cadeaux. On n’a jamais su qui était derrière ces taxidermies, malgré un paquet d’enquêtes de la police, parce qu’on ne plaisante pas avec les espèces protégées. Eh non ! Dans le temps, on a montré du doigt un prétendant un peu excentrique de Marie-Claire, puis les soupçons se sont surtout portés sur la Loge des Chasseurs. Forcément : à part eux, personne n’était assez dingue pour aller chasser le loucan, et puisque ces bestioles s’apprivoisent pas… Mais bon, l’enquête n’a rien donné et l’empailleur fou n’a donc jamais été retrouvé.

N’empêche, il leur a livré 184 pièces au total. Les Pellerin découvraient une bécasse ou un renard posé sur son socle le matin, juste devant leur porte. Paf, comme ça. Ils en ont eu, des surprises. Donc il y a eu ce loucan, mais un phénocanthe, aussi. Allons, vous savez ! Notre raie d’eau douce locale, symbole de l’office du tourisme, avec ses motifs phosphorescents en forme d’yeux sur le dos qui font encore de belles frousses aux baigneurs en haute saison. À propos de frayeur, vous trouverez aussi dans le grand salon deux superbes têtes d’ecchubes adultes mesurant près de cinquante centimètres de long chacune, avec des fougères et de la mousse encore en train de leur pousser dessus. Des pièces très rares. La municipalité vient les tondre régulièrement. À l’origine, toutes les pièces ont été saisies pour être exposées au musée, mais puisque le conservateur n’en voulait pas, on les a renvoyées dans le manoir. Ah ! Et si vous ne le saviez pas, cette pauvre Augustine avait la phobie des animaux empaillés. On imagine sans peine les agréables journées qu’elle a passées toute seule dans son manoir de deux cents mètres carrés avec des têtes de cerfs et de sangliers au regard vide qui la scrutaient du matin au soir au détour des couloirs. Et elle, au moins, n’a jamais fui le manoir…

Parlons peinture. Il y en a près d’une centaine dans cet endroit, dont une dizaine au moins qui valent une petite fortune. Si vous vous aventurez dans l’aile ouest, comme moi en ce moment, vous trouverez une reproduction du célèbre Voyageur contemplant une mer de nuages de celui que l’on ne présente plus : Caspar David Friedrich. Elle est dans la bibliothèque du rez-de-chaussée, juste au-dessus de la cheminée. À côté, dans la chambre de Jeanne, nous avons le Moine au bord de la mer, du même artiste. Une pièce originale, en plus ! Pas aussi relaxante, par contre. Peut-être à cause de la mer agitée ou des nuages noirs au fond ? Mais ! C’est drôle, j’ai presque l’impression de voir les vagues onduler. Attendez, je regarde de plus près. Huuum. Non, j’ai rêvé. Pourtant… Snf, snf. Ça sent les embruns. Vraiment, c’est curieux. Ce tableau a quelque chose d’assez… menaçant. Mais je ne saurais dire quoi.

Le moine au bord de la mer
Le moine au bord de la mer (1808-1810) de Caspar Friedrich. Osez me dire que ça ne vous donne pas le blues.

Je lui préfère largement Les pêcheurs en mer de William Turner. Vous les trouverez dans le couloir est, entre la cuisine et la salle de jeu. L’avenir incertain des marins sur leur esquif, balayés par les flots comme tout autant de plumes, leur impuissance face aux forces de la nature, l’horreur de leur situation est clairement revendiquée. Pas d’ambiguïté. C’est une peinture honnête. J’aime. Autre pépite : une version inédite du Cauchemar du peintre suisse Henry Fuseli dans la chambre, au-dessus du lit de Marie-Claire. Absolument terrifiante. Elle n’a pas dû emballer beaucoup de monde à la vente aux enchères. Tenez, on raconte qu’à l’époque, le tableau était tourné à l’envers, contre le mur, ou recouvert d’un drap afin de contrecarrer les mauvais rêves. Rapport aux croyances de sa propriétaire, j’imagine.

Allez, un dernier, nettement moins romantique que les précédents, parce que je vous aime bien. J’ai nommé : Lhomme propose, Dieu dispose. C’est d’Edwin Landseer, le grand peintre anglais. Et attention : garanti 100 % authentique ! Une poignée d’entre vous savent peut-être qu’il existe un exemplaire au collège londonien de la Royal Holloway, qui soit dit en passant a la réputation d’être hanté. Eh bien, c’est rien de moins qu’une contrefaçon. L’original est ici, chez nous, dans le manoir Pellerin, aile est, à l’étage, troisième porte à droite, dans la remise. Ce qui n’est pas si bizarre. Une des filles de M’sieur Pierre a dû le décrocher et le ranger là. Je mise sur Jeanne ou Augustine. Un tableau qui, mine de rien, contraste légèrement avec toutes ces peintures de cocker et de saint-bernard qu’on voit partout dans le manoir. Elles sont de Landseer, aussi. Si je n’ai pas encore évoqué la passion de M’sieur Pierre pour les chiens, c’est parce que tout le monde est au courant, par ici. Si, si. Tout le monde.

L’Homme propose, Dieu dispose (1864) d’Edwin Landseer. Pas le genre de peinture que je mettrais au-dessus de mon lit.

Donc nous avons tout plein de jolies peintures de toutous, mais des œuvres plus fantastiques, aussi. Dans la salle à manger, vous pourrez ainsi contempler la « Scène du songe d’une nuit d’été ». Qui vous rappelle… Mais oui : Shakespeare ! Pour info, même si vous n’êtes pas amateur d’art, je vous la recommande, cette peinture-là vaut largement le détour. Le sieur Landseer, c’était un super peintre : il a fait plein de trucs chouettes dans sa carrière. Et puis un jour, il s’est un peu enflammé et il a pondu L’homme propose, Dieu dispose. Le titre est une citation d’un verset de la Bible, je crois. Attendez, je vérifie. Que me dit Wikipédia ? Ça vient de « Homo proponit, sed Deus disponit », chapitre 19, livre I de l’Imitation du Christ. Aïe, aïe, tout mon catéchisme est à refaire. Bref. Cette… peinture… est une interprétation du destin de l’expédition perdue du capitaine John Franklin en 1845, à l’époque où la couronne britannique cherchait un passage entre l’Atlantique et le Pacifique. Le plan, c’était de contourner le Canada et d’en profiter pour explorer l’Arctique. Et, comment dire…

Allez, on ne va pas y aller par quatre chemins : non seulement l’équipage du capitaine Franklin ne l’a pas trouvé, ce passage, mais en plus ils ne sont jamais revenus. Et c’est resté pendant longtemps l’un des plus grands mystères du XIXe siècle ! En tout cas, jusqu’à très récemment. On a retrouvé les épaves des navires et des cadavres très récemment sur la banquise. Hé ! Vous allez rire, mais l’ours qui mange les os, là, sur la toile, j’ai l’impression de les entendre craquer dans sa gueule. Non ? Je sais pas si ça passe au micro. Sans doute pas. Il y a un courant d’air froid, aussi. Bon, je prends mes distances au cas où. Voilà, retour dans le couloir, on ferme la porte. À clé. Sur une note moins sinistre, sachez que toutes ces peintures dont je vous parle depuis tout à l’heure valent entre plusieurs centaines de milliers et quelques millions d’euros pièce. Eh oui ! C’est du sérieux : elles ont toutes été expertisées en 2001. Et vous noterez que pas une seule ne manque à l’appel…

Scène du Songe d’une nuit d’été (1848 – 1851). Pour vous réconcilier avec Landseer.

Enfin, il y a cette salle entièrement vide, surnommée la « Chambre bleue », au deuxième étage. Entièrement vide… ou presque. Une peinture d’un autre monde en décore le plafond. Celle-là, elle ne vient pas du XIXe siècle. Les critiques parlent d’une création de Tamsky, le street artist le plus mystérieux du Val des Sylphes, pour honorer la mémoire de M’sieur Pierre. Notez, le style pourrait correspondre. Céleste, onirique, poétique. Mais si c’est lui, alors il ne l’a jamais revendiquée. Et ça, c’est pas son genre. N’oublions pas que Tamsky est réputé pour ses œuvres originales. Or, l’immense fresque de la chambre bleue, cela n’aura échappé à personne, est largement inspirée de La Création d’Adam de Michel-Ange. À deux exceptions près : c’est une jeune fille habillée de fourrures, munie d’un bâton et entourée d’un troupeau de moutons qui lève le doigt vers les étoiles pour toucher le… tentacule ? Ou l’espèce de main d’une sorte de bête immense, sans visage, qui paraît descendre du ciel, avec des milliers d’enfants ailés et nus, à la peau blanche et aux yeux noirs. Hum, hum ! Tous ceux qui sont venus ici reconnaîtront sans peine la petite bergère des légendes qui donna son nom à notre belle ville. Et la chose étrange, et un peu terrifiante, disons-le franchement, avec laquelle elle s’apprête à entrer en contact ? Et tous ces angelots cosmiques qui ressemblent à des papillons de nuit dans les nuages ? Comment l’interpréter, chers lecteurs ? Mais ! Qu’ouïs-je ? Le démon d’Ormelune ? Celui des légendes ? Peut-être, chers lecteurs. Peut-être. Il y a comme un air de ressemblance avec le vitrail de l’église…

Ah ! Ça y est. Ça y est ! Ça commence. Pour rappel, à l’instant où j’écris ces lignes, ça fait déjà plus d’une demi-heure que je suis rentré dans le manoir. Trente-quatre minutes, vingt-sept secondes et 3 centièmes. Je n’ai pas encore touché à quoi que ce soit, mais les premiers symptômes n’ont pas tardé à apparaître. D’abord, la sueur. Dans la nuque, sur le front, les mains, les cuisses, même si vous n’avez pas chaud, même si vous n’avez pas peur, ça oui, dans le manoir Pellerin, vous allez être mouillé ! C’est normal. Tout va bien. Et tant pis pour ma super chemise qui sort du pressing. On est des explorateurs ou pas ? Hé, hé. Ah oui, les battements de votre cœur vont s’accélérer. Moi, ça a commencé tout à l’heure avec le Moine au bord de la mer. Boum, bam, boum, bam. J’ai l’impression de rentrer de mon jogging le dimanche matin. Ça tambourine fort. Et c’est normal. Pas d’inquiétude.

Encore une fois, je précise à l’attention des aventuriers en herbe qu’aucun des symptômes que vous ressentez en visitant le manoir ne sont dangereux pour les visiteurs, y compris les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes. Deux personnes cardiaques ont déjà fait un malaise, mais c’est tout. En plus, c’était des touristes. Ils sont assez impressionnables, chez nous, les touristes. À part eux, jamais de blessé ni de mort à déplorer. C’est pas formidable, ça ? Pour une fois que c’est magique et que ça n’envoie pas à l’hôpital. Bon, en général, le Syndrome du manoir apparaît en moins d’une heure, mais il y a des exceptions. Si vous touchez un objet, notamment une œuvre d’art, ou n’importe quoi d’autre qui soit porteur d’un sens particulier, comme le loucan empaillé en haut de l’escalier ou une de ces peintures romantico-fantastique dans les couloirs, eh bien la durée d’apparition des symptômes sera radicalement écourtée.

Allez, on va précipiter un peu les évènements. Je vois une échelle, là-bas, contre le mur. Je la prends. Je la pose. Je monte. Voilà. Et j’appuie sur la fresque, des deux mains s’il vous plaît. On devrait obtenir des effets plus puissants. Accessoirement, j’ai des horaires à tenir, moi. Un direct dans deux heures, une annonce du Ministère, vous comprenez. Encore cette affaire de moustiques teigneux, je parie.

À titre d’information, sachez que le Syndrome du manoir n’affecterait que les êtres humains conscients. Des tests très sérieux ont été menés par nos talentueux scientifiques avec des animaux et des volontaires qui roupillaient, et ça n’a rien donné de concluant. C’est aussi la raison pour laquelle, figurez-vous, nos formidables agents de police suspectent ce vieux manoir de servir de repaire au très énigmatique Parti des Ombres. Eh oui ! Les somnambules, par définition, sont immunisés au syndrome. Ils ne sentent rien, eux. Hop, et maintenant que j’y pense. S’ils se réunissent ici, c’est qu’ils sont tout de même assez conscients de l’état, quelque peu, surnaturel, de cette résidence, pas vrai ? Donc ça voudrait dire qu’ils ne sont pas trop inconscients non plus. Ou qu’il y a plusieurs seuils de conscience. Compliqué. Écoutez : j’inviterai un ou deux hypnologues dans ma prochaine émission, on y verra plus clair. On dit bien « hypnologue », n…

Oh. Put…

O.K., O. K. Je respire, j’inspire. Je respire. J’insp… Voilà. Mieux. Bon… D’abord, souvenez-vous que les symptômes ne se manifestent jamais de la même façon. Ça dépend des personnes. Moi, je suis parti pour prendre le plein tarif. Parce que croyez-le ou non, à l’instant, là, pendant une seconde, je me suis littéralement vu sur mon échelle à deux ou trois kilomètres d’altitude, avec la Lune en haut et Sainte-Ormelune en bas. Je voyais des petites lumières dans la vallée, c’est tout. Incroyable. In-cro-ya-ble. J’étais pas au courant, pour les hallucinations. Va falloir que je fasse attention. Et je sue, mais je sue ! ‘Tain, la frayeur, aussi. Mais là quand même, toute cette transpiration, c’est indécent. Si je reste ici encore deux minutes, je vais laisser une flaque. Sérieusement. On dirait un touriste allemand place de la Concorde en plein mois d’août.

Quant à cette fresque, je n’ai tout simplement pas de mot. Elle est magnifique. Ma-gni-fi-que. Et si cette bête gigantesque, ce genre d’animal cosmique, avait déjà mis le pied sur Terre ? C’est une expression, évidemment. On voit bien qu’il n’a pas de pied. Mais ces enfants-phalènes, là, vous allez rire, mais ils me rappellent beaucoup les… Ah ! J’ai leur nom sur le bout de la langue. Vous savez, les papillons, la Peste argentée. À la base, personne ne savait d’où ils venaient. Et d’ailleurs, on le sait toujours pas. Peut-être que cette entité vivait dans l’espace et les a apportés avec elle, chez nous, dans la vallée ? D’accord, ça fait un peu conte de fées, mais ça aurait le mérite d’expliquer… Pardon, je voulais dire : « film d’horreur ». Ça fait film d’horreur, pas conte de fées. Mais qu’est-ce que la vie à Sainte-Ormelune, sinon un très mauvais film d’horreur sur lequel on zappe sans faire exprès ? Et… ‘tain, mon crâne ! Je me suis jamais tapé un vertige pareil depuis ce reportage au sommet de l’Observatoire. Allez, ça suffit, je redescends. En plus, les larmes me sortent des yeux à une vitesse, ça devient affolant. Dans cinq minutes, je suis déshydraté. Eh, mine de rien, ça déboîte ! Je retire ce que j’ai dit pour les enfants et les femmes enceintes, je suis plus trop sûr de mon coup, là. Mais… je suis en train de me vider de mon eau, ma parole. Si vous pouviez me voir. Une vraie fontaine ! Heureusement que ma fidèle bouteille de poche ne me quitte jamais.

Mais cette fresque, bon sang. On se sent si petit, si frêle, comparé à elle. Un appel à l’extase, une ode à la nuit. Quel idiot. Mais vous vous rendez compte ? J’ai mis ma main dessus ! Ma main. Sur une peinture. Pas n’importe laquelle : une fresque. Une peinture éphémère, délicate, fragile. Des heures d’effort, des jours de sueur, de ratés, de victoires pour enfanter cette œuvre. Et moi, je la vois, je tombe en admiration, non, je tombe amoureux, et qu’est-ce que je fais ? Je la salis. Je la frotte. Je l’efface. Ce manoir m’accueille chez lui, il m’offre ce qu’il a de plus beau et moi, je l’abîme, je le détruis. Oh, oh. Non, j’exagère, là. C’est le Syndrome du manoir qui me fait dire ça ? Ha, ha ! C’est fort possible. Au moins, ma migraine s’est calmée. Et mon pouls ? Hum. Eh non. En fait, ce qui m’arrive, c’est pas banal du tout. Tout mon corps panique mais mon cerveau ne sait pas pourquoi. Qu’est-ce que j’ai attrapé, au juste ? Le trac ? Parce que c’est pas les raisons qui manquent. Fuseli, Landseer, Friedrich, Tamsky, ces types sont des légendes. Côtoyer leurs œuvres, c’est comme les tutoyer, eux.

Je pourrais m’évanouir sous le coup de l’émotion. C’est comme s’endormir, sauf qu’on se réveille avec une bosse sur le front. Hé ! Là, vous entendez ? Non. Attendez, je me rapproche. Et là ? Non plus ? J’entends des jappements depuis tout à l’heure, au rez-de-chaussée. C’est peut-être… Euh, pardon ? Qu’y a-t-il, madame ? Non, je regrette, je n’ai pas vu votre mouchoir. Prendre le thé ? Où ça ? Chez vous ? En temps normal, j’aurais dit oui, mais là je suis attendu, vous comprenez. Chers lecteurs, il y a devant moi une dame, tout à fait charmante au demeurant, qui me fait signe d’entrer dans son tableau. Alors il sembleraaiiiiit… que j’ai perdu la boule plus vite que prévu. Tant pis, il faut rester courtois. Même avec ses hallucinations. Navré madame, ç’aurait été avec plaisir, mais je ne rentre pas dans votre cadre, là. Voyez ma stature. Que du muscle, mais tout de même. Non, c’est non. N’insistez pas. D’accord, je suis incroyablement beau et célèbre, mais je ne suis toujours pas digne de finir ma vie dans les tableaux des plus grands maîtres du siècle. Vous non plus, d’ailleurs. Question de logique. Si le Christ en personne n’est pas digne, alors personne d’autre ne l’est.

Allez, hop. Je file, avant de… Oh, puta… Ce vase en bronze, il y a une poussière dessus. Une poussière. Qui… ? C’est moi qui l’ai mise là ? Bien sûr que oui. Qui d’autre ? Je n’ai même pas frotté mes chaussures et mes cravates sur le tapis à l’entrée. Oh, merde. Et le loucan empaillé ? Je suis sûr à quatre-vingt-dix-huit pour cent que je lui ai envoyé un postillon à la figure quand j’ai toussé en passant à côté, tout à l’heure. Quelle horreur. L’exemple que je suis en train de donner à la jeunesse ! Je devrais frotter le vase et lustrer le poil de la taxidermie. Ma chemise est inondée, elle ferait un chouette torchon. Non. Non, non. Pas un bon plan. Je risque de les salir encore plus. De les souiller, les dégrader, les… les…

Peux pas les toucher. Dois pas les toucher. Peux pas les toucher. Dois pas les touch…

Chers lecteurs, je vous aime bien, vraiment, mais je vais abréger la visite. Un grand bol d’air frais fera du bien à mes vertiges. Les symptômes, là, c’est du costaud. Ouf. C’est parce que j’ai touché la fresque ? Ou parce que j’ai mis les deux mains ? Quand j’étais petit, je venais ici avec les copains, et c’est moi qui tenais le plus longtemps. « Hé Christ, t’abuses là, on vient juste d’arriver, tu peux pas te retenir encore un peu ? » Ha, ha ! Non. Je peux pas. Je ne peux… simplement… pas. Ou je ne… dois pas ? Les deux, en fait. Trop d’émotions qui vagabondent dans les couloirs. Trop de légendes vivantes qui ont perdu la vie sur ces peintures. Et le loucan ? Et les ecchubes ? Vous croyez qu’ils sont morts tout seuls ? Putain, les gars. Je veux dire… Imaginez-les ! Mais imaginez-les ! IMAGINEZ TOUS CES HÉROS BARBUS ET SOUFFRETEUX, SEULS ET VOÛTÉS DANS LEURS FOYERS, EN TRAIN DE SE BATTRE, DE LUTTER POUR DONNER CORPS SOUS LA LUEUR PRÉCAIRE DES BOUGIES À DEMI NOYÉES DANS LA CIRE, DU CRÉPUSCULE JUSQU’À L’AUBE, SANS RELÂCHE, LA MAIN DÉVORÉE PAR LA TENDINITE, LA RÉTINE DÉCOLLÉE PAR DES DÉCENNIES PASSÉES À UNIR DES MOLÉCULES DE CHAIR, À SCRUTER CHAQUE ATOME DE COULEUR POUR VEILLER À LEUR PERFECTION ENVERS LA PESTE OU LA GUERRE, LA VARIOLE OU LA DISETTE QUI FRAPPAIENT À LEUR PORTE ! Ô SAINTS PARMI LES SAINTS DONT CE MANOIR EST DÉSORMAIS SEUL REFUGE DE VOS FAITS GLORIEUX, PUISSIEZ-VOUS CONQUÉRIR DIGNEMENT LES CIEUX PUISQUE LA TERRE NE SUT JAMAIS ASSEZ VOUS RENDRE HOMM…

Homm… hommage…

‘Tain de merde. C’est moi qui viens de crier ça ? C’est moi ? Qui viens de beugler comme ça ? Pas possible. Ce manoir me fait complètement péter les plombs. J’ai les yeux qui pleurent tout seul, mon cœur fait un tango que je ne suis pas sûr de suivre, mes vêtements sont foutus et je suis en train de marcher comme si j’avais dix grammes dans le sang. Ah ? Deux armures du XVe siècle viennent de se mettre au garde-à-vous sur mon passage. Cling, clang. Ouais, ouais, c’est ça. Allez, repos, soldats. Vous savez, je suis au courant que je délire, hein. Pas la peine d’en rajouter. Quand même, c’est dommage que ça tourne à la maison hantée. Moi, je m’attendais à quelque chose d’un peu moins… d’un peu plus… élaboré. ARG. CE GRAIN DE POUSSIÈRE ! L’ORDRE ÉTAIT PARFAIT ! AVANT MOI TOUT BRILLAIT ! Et maintenant, et maintenant, tout est… Allez, pas de temps à perdre, sinon j’y laisse ma tête. Troisième porte à droite après la grue empaillée… Je fonce. La volée de marches avec le portrait du chevalier… OUI, JE SUIS DÉSOLÉ POUR LA POUSSIÈRE. J’AI COMPROMIS L’ORDRE DE L’UNIVERS. Ah, le salon ! Encore un couloir, la commode en ébène, ou en acajou, j’en sais rien, je galope vers le vestibule et… Vite, vite… Avant que… Une autre poussière… une goutte de salive… un cheveu… Le manoir ne me pardonnerait jamais. Ne rien toucher. Ne rien voir. Ne rien…

Ça y est ! Je suis sorti. On est quand même mieux, dehors. Fait plus frais. Ma température commence à redescendre. Par contre, j’ai encore un aveu à vous faire : je crois que j’ai fait un pli sur le tapis du rez-de-chaussée quand j’ai failli me prendre les pieds dedans. Si on ajoute le postillon et le grain de poussière de tout à l’heure, je suis de moins en moins fier de moi, là. Peut-être que je devrais me présenter au commissariat ? Dégradation involontaire de biens publics et culturels quand vous êtes diplômé en histoire de l’art, ça la fout mal. Moi qui pensais rejoindre le club minuscule des présentateurs télé n’ayant jamais eu de casiers judiciaires, c’est mal barré. Aujourd’hui, mesdames et messieurs, je vous ai fait la démonstration de tout ce qu’il ne fallait pas faire dans le manoir Pellerin ! Suivez mon contre-exemple, et tout devrait bien se passer. Mon imprudence a mis en péril l’intégrité d’un trésor historique et artistique comme il n’en existe pas deux au monde. J’aurais dû écouter la dame en rouge et rentrer me cacher dans son tableau. Je n’aurais rien dérangé, là-dedans.

Chers lecteurs ! Vous pensez que c’est terminé ? Presque ! Juste avant, pour finir en beauté notre brève et intense excursion, j’ai gardé une anecdote sur le manoir à vous donner la chair de poule. Nous savons tous qu’il est visité par-ci par-là par des petits et grands curieux, comme vous et moi. Mais saviez-vous que certaines personnes osent encore et toujours soulever certains des objets du manoir Pellerin ? Les toucher, comme je l’ai fait sans réfléchir, c’est déjà impardonnable. Entendons-nous bien. Alors les bouger… Les prendre dans la main… Les confisquer, fût-ce une fraction de seconde, à l’écrin du manoir qui leur sert de père et de foyer… Les arracher comme les entrailles d’un cerf livré au boucher… Montre, casserole, bijoux, fourchette, retable, qu’importe. Imaginez. Prendre les objets. Pour les soupeser, les examiner, et même les déplacer à un autre endroit. Imaginez. Ça calme, hein ? Eh bien, ce dont je vous parle, là, c’est une activité très populaire chez les adolescents qui s’appelle de l’urbex, ou « exploration urbaine » pour les moins jeunes. Des genres de reportages à sensations dans des lieux abandonnés. Ça consiste à fouiller des maisons vacantes et à faire semblant de tomber sur des documents top-secrets ou de voir des fantômes pour attirer l’attention. Ensuite, on diffuse ça sur Twitch ou Youtube et bling bling, ça fait de l’argent. Bon, pas toujours, mais souvent.

Rassurez-vous, tous ces fauteurs de troubles dont je vous parle se rendent bien vite compte de l’horreur qu’ils commettent en saccageant ce temple de l’Histoire. Imaginez toutes les poussières et les postillons qui ont déjà déshonoré les bibliothèques et les vanités du manoir ! Alors oui, dans un accès de panique et de lucidité, nos aventuriers gaffeurs finissent par remettre les conserves et les dessous-de-plat exactement à l’endroit où ils les prennent, limitant inconsciemment le chaos et la destruction qui œuvrent chaque jour dans ce lieu historique, mais tout de même ! Rien ne semble jamais bouger ni frémir dans le manoir Pellerin parce que les malfaiteurs y font l’apprentissage de la compassion, rien de plus. Et puisqu’on en parle, avouez que ce ne serait pas si mal d’informer le public sur cette profanation organisée des demeures en sommeil. Ha, ha ! Vous savez où je veux en venir ! La semaine prochaine, nous accueillerons dans Vivre cent fins des Ormeluniens dont la maison a été victime de cette épidémie d’explorations urbaines pour mieux cerner l’étendue du phénomène. Car tout de même, tant de fébrilité et d’engouement pour des maisons vides, ça confine au ridicule.

Et maintenant, Christ, votre présentateur favori, il est en nage et il se sent un peu patraque, alors il vous quitte sur cette parabole et vous fait dire que décidément, nous vivons vraiment à l’époque de la démesure et du spectacle. N’en déplaise à nos aventuriers les plus enthousiastes.

Allez, allez. À bientôt mes p’tits loups.

La bise.

Retour en haut